L’extrême prématurité est un véritable problème de santé publique car l’augmentation de la survie des grands prématurés entraîne une augmentation du nombre d’enfants handicapés présentant des anomalies/retard en particulier au niveau de leur développement moteur et de la marche. Or, les méthodes précoces d’intervention thérapeutique pour stimuler la motricité et la marche de ces enfants font cruellement défaut. L’objectif de ce projet de thèse est de tester l’efficacité d’une nouvelle intervention, ciblée sur la stimulation de la marche quadrupède à l’aide d’un mini skate, dès la sortie de néonatologie, chez de grands prématurés cérébrolésés.
Ce projet Premalocom2 est financé par une ANR et représente la suite du projet Premalocom1 dans lequel M. Barbu-Roth et ses collaborateurs ont montré qu’il est possible d’améliorer le développement de la motricité et de la marche chez des grands prématurés sans lésion cérébrale majeure, si ces enfants sont entraînés, dès leur sortie de néonatologie, à se propulser à quatre pattes sur le ventre (crawling) sur un miniskateboard, le Crawli, tous les jours pendant deux mois. Cette méthode semble donc un moyen prometteur pour entraîner et accélérer le développement moteur et neuropsychologique de grands prématurés présentant des lésions cérébrales ou à risque de handicap.
Le projet Premalocom2 a trois objectifs (le projet de thèse concerne les objectifs 1 et 2)
1.Déterminer si la qualité des mouvements de crawling des prématurés cérébrolésés sur le Crawli peut être utilisée pour prédire leur risque de développer un retard ou une déficience développementale.
2.Déterminer si l’entraînement précoce au crawling sur ce mini skateboard accélérera le développement moteur (en particulier locomoteur) et/ou neuropsychologique de ces nourrissons grands prématurés.
3.Utiliser la neuro-imagerie par IRM et EEG pour comprendre les substrats neuronaux précoces du handicap moteur chez les nourrissons grands prématurés cérébrolésés et la plasticité neuro-motrice après entraînement sur le Crawli (collaboration avec l’équipe de Jessica Dubois).
Méthodologie : Cinquante nourrissons grands prématurés nés entre 24 et 32 semaines d’aménorrhée seront répartis par choix randomisé en deux groupes : un groupe Crawli sera entraîné à la maison par leurs parents à se propulser en position allongée sur le Crawli tous les jours pendant 2 mois (sujets entraînés) et l’autre groupe n’aura pas d’entraînement mais recevra un traitement et un suivi clinique typique (groupe Contrôle). Tous les nourrissons seront suivis ensuite : 1) pour étudier leurs mouvements de crawling sur le Crawli à l’âge équivalent du terme (juste avant l’entraînement pour les groupes entraînés) et à l’âge corrigé de 2 mois (AC, c’est-à-dire l’âge déterminé à partir de la date à laquelle ils auraient dû naître), et 2) pour leur développement neuro-développemental, moteur et neuropsychologique entre 0 et 12 mois AC. En outre, qu’ils aient été entraînés ou non sur le Crawli, tous les nourrissons prématurés recevront deux examens IRM et EEG, l’un effectué à l’âge équivalent du terme (pré entraînement) et l’autre à 2 mois AC (post entraînement).
Résultats attendus : Notre première hypothèse est qu’entre 0 et 2 mois d’âge corrigé, des schémas atypiques de crawling sur le Crawli permettront d’identifier les prématurés à risque développemental. Notre deuxième hypothèse est que les prématurés entraînés quotidiennement à se propulser sur le Crawli (pendant 2 mois après leur sortie de l’hôpital) présenteront un crawling plus efficace et se développeront plus tôt et plus efficacement sur le plan moteur et neuropsychologique que les prématurés qui ne reçoivent aucun entraînement au crawling. Notre troisième hypothèse est que l’entraînement précoce des capacités motrices et neuropsychologiques sera lié à l’amélioration de la plasticité et de la maturation des réseaux cérébraux dédiés au traitement sensorimoteur et cognitif.
Collaboratrice du projet
Marianne Barbu-Roth
Projet porté par
Sylvie Tordjman
Jessica Dubois
Financé par :
