2025-2026
Dès les premiers mois de vie, les nourrissons sont capables de percevoir combien d’objets sont présents, et même de réaliser des petites opérations arithmétiques : s’ils voient qu’on place 5 objets derrière un cache, puis à nouveau 5 autres objets, ils s’attendent à voir environ 10 objets lorsqu’on soulève le cache. Néanmoins, les liens entre ces compétences précoces et les premiers apprentissages sur les nombres sont encore mal compris.
En particulier, les enfants mettent beaucoup de temps à apprendre les mots qui servent à désigner les nombres dans la langue : les mots « un », « deux », « trois », « quatre », etc. Vers 2 ou 3 ans, ils commencent par apprendre que le mot « un » s’applique à un seul objet, tout en considérant que tous les autres mots (« deux », « trois », « quatre ») correspondent à la même quantité : pour eux, tous ces mots signifient « beaucoup ». Ensuite, ils apprennent le sens du mot « deux », qu’ils utilisent pour des ensembles de deux objets, mais continuent à utiliser les autres nombres indifféremment. Vient ensuite l’apprentissage des mots « trois », puis « quatre » …
En parallèle, les enfants apprennent aussi à réciter la suite des nombres (« un, deux, trois, quatre, cinq … ») et à pratiquer le comptage. Néanmoins, pendant de longs mois ils ne semblent pas comprendre la signification de cette activité : pour eux, la liste des nombres serait une comptine comme les autres, sans signification particulière (un autre « am-stram-gram »).
Par quel processus les enfants parviennent-ils à donner une signification numérique aux mots-nombres et au comptage ? En particulier, la compréhension des mots-nombres fait-elle appel aux compétences précoces observées chez les nourrissons ? Ces questions sont hautement débattues au sein de la communauté scientifique. Or, les différentes théories avancées ont été testées au sein de laboratoires différents, avec des méthodes différentes (tâches, instructions, participants), et il s’avère souvent difficile de réconcilier les différents résultats présentés dans la littérature.
Le projet collaboratif « ManyNumbers » cherche à résoudre ces difficultés. Il fédère un réseau de plus de 130 laboratoires internationaux, et représente les différents courants théoriques dans le domaine des apprentissages numériques précoces. L’objectif de ce projet est donc d’établir un consensus sur l’apprentissage des nombres, basé sur des méthodes expérimentales approuvées par la communauté.
De plus, on ne sait pas pourquoi l’apprentissage des nombres et du comptage est plus facile pour certains enfants que d’autres. De nombreux facteurs pourraient en effet influencer ces apprentissages, comme par exemple le genre, l’âge auquel l’enfant a été scolarisé, le contexte social, la langue parlée par l’enfant … Avec une base de données regroupant plus de 3000 enfants, le projet ManyNumbers offre une occasion unique d’explorer la variabilité des apprentissages et d’en identifier les facteurs déterminants.

